La Limousine fête sa 31e édition.
Mais c’est peu de dire que celle-ci ne ressemblera pas aux précédentes, ni à celles qui suivront.
Deux personnages en effet ne sont plus là et notre épreuve, touchée en plein cœur, est à la fois veuve et orpheline.
André Dufraisse et Raymond Poulidor étaient deux monuments du sport français, deux figures de proue du Limousin. Pour nous, ils étaient bien davantage.
André était notre parrain, attentionné et passionné, mais si humble et si discret, et nous l’apprécions aussi pour cela, qu’on avait peine à imaginer qu’il avait été cinq fois champion du monde et sept fois champion de France, qu’il avait remporté tous les cyclo-cross existant à son époque, laquelle fut, pour le vélo, une période dorée et riche en champions.
Raymond était un ami fidèle, notre Maillot Jaune de la gentillesse et de la disponibilité, l’étendard qui avait enchanté l’enfance et la jeunesse de beaucoup d’entre nous, jamais lassés de lui faire narrer ses exploits sur les routes du Tour de France, de San Remo, de la Flèche Wallonne. Il se souvenait de tout, il racontait si bien, et lui aussi avec une indéfectible modestie, qu’on aurait pu l’écouter une nuit entière.
Un seul être nous manque et tout est dépeuplé, a dit un poète. C’est vrai. Qu’aurait-il écrit alors que nous venons de perdre, en quinze mois, deux hommes si précieux, deux amis proches ? Mais c’est à nous qu’il appartient de lui donner tort, de vivre, tant nous sommes persuadés que, même dévastée, la Limousine doit poursuivre son chemin et prospérer. Pour André, pour Raymond, pour nous, pour le cyclisme qu’ils aimaient tant et qu’ils ont si bien servis, il faut que la course et la légende continuent. Il n’est pas de meilleure recette pour leur rendre hommage.
Tout au long du parcours qui empruntera des routes et des lieux qu’ils connaissaient par cœur et qui leur étaient chers, nous penserons à eux.